J’ai le cœur qui s’envole à force de rêver

Et j’ai la main qui tremble à toucher son visage

Comme il est doux son corps, comme il est doux d’aimer

De s’en aller courir sur de nouveaux rivages.

J’en ai vu des soleils, j’en ai vu des bateaux

Des gréements fabuleux, des radeaux de misère

J’en au vu des taudis devenir des châteaux

Pour un simple regard, pour une humble prière.

Mais si la vie encor veut me tendre la main

Si la lueur du jour n’est pas encore éteinte

Je veux bien courageux partir de bon matin

Comme on partait jadis mourir en terre sainte.

Je veux bien que le vent s’en vienne à mon secours

Si mes pas claudicants se heurtent aux pavés

Pour elle je veux bien réapprendre l’amour

Il est des mots enfouis qu’on ne peut oublier.

Elle est dans ma guitare elle est dans mes chansons

Elle danse pour moi quand mon âme est en peine

Elle est comme un bleuet au milieu des moissons

Dans le silence froid un air qui se promène ;

Elle est bien tout cela et sans doute un peu plus

Peut-être est-ce pour ça qu’aujourd’hui je la chante

Que je retrouve un peu de ce que j’ai perdu

Sur le bord du chemin au gré d’une tourmente.