Il y aura un pont, un pont de bois modeste,
Des enfants qui joueront à lancer des cailloux,
Un clown qui sortira des ballons de sa veste,
Des soldats repentis qui prieront à genoux.

On écrira nos noms sur l'écorce d'un chêne
Sur la voûte du ciel ou on n'écrira pas,
On n'aura peur de rien, on brisera nos chaînes,
Et, sur un cheval blanc, ensemble on s'en ira.

Puis des oiseaux malins nous donneront l'aubade,
Un concert simple et beau jusqu'au bout de la nuit,
Si tu veux Don Juan et le Marquis de Sade
Boiront à la santé des poètes maudits.

Le château merveilleux, là-bas sur sa colline,
S'éclairera soudain de mille vers luisants,
Dentelles et rubans, robes de mousseline,
Rien ne sera trop beau pour fêter les amants

Allez, raconte encor et sers un dernier verre,
J'ai besoin d'oublier et de partir ailleurs,
Je préfère l'alcool à toutes les prières,
Il donne à mon chagrin comme un goût de bonheur..

Dans une heure, je sais, je serai là minable,
Aussi piteux qu'un cerf que les chiens ont traqué,
Ils riront tous de moi, écroulé sous la table,
Mais j'aurai eu, au moins, le temps d'un peu rêver.