Je préfère à ce Dieu que l'on ne voit jamais
Les arbres, les vallons, les forêts, les collines
Ce parfum de verveine et de blés moissonnés
Sous le ciel de chez moi, couleur d'aigue marine.

Et, s'il m'arrive encor de tomber à genoux,
C'est tourné vers les fleurs que je dis mes prières,
Elles qui n'ont jamais hurlé avec les loups,
Qui s'offrent sans pudeur et survivent aux guerres.

Pour exprimer ma foi, dire ma religion
Près d'un chêne moussu j'ai bâti mon église,
Baptisé dans les près, aux piques des chardons,
Aux cantiques du vent, au rouge des cerises.

Pas d'habits chamarrés, de vitraux éclatants,
L'eau pure d'une sourcé est le vin de ma messe,
Je cueille en mes vergers une pomme en passant
Et me sait pardonné sans aller à confesse.

C'est là mon paradis, mes bras sont grand ouverts,
Faute de marbre blanc cet autel que j'élève
Emprunte son éclat aux neiges de l'hiver,
Au soleil généreux de ce jour qui se lève.