Le temps s'est envolé, il me reste une histoire,
Une plage secrète où j'aime m'arrêter,
Peuplée de rochers noirs qui blessent ma mémoire
Mais aussi de soleils pour mieux me réchauffer.

Passent un enfant brun qui sourit à son père,
Deux sirènes dorées qui m'auront reconnu,
Des ombres un peu floues me parlant de naguère
Mêlant aux chants des eaux des refrains disparus.

Et voilà que soudain une larme s'attarde,
Douce perle de sel que je n'essuierai pas,
Mon cœur est lacéré de mille hallebardes
Sans jamais trop savoir pour quel amour il bat.

Je trace, machinal, des lettres sur la grève
La vague qui rugit m'est comme un ouragan,
Se referme sur moi l'abominable piège
De la mélancolie que m'apporte le vent.

L'enfant s'en est allé, avec lui les sirènes
Dans cet épais brouillard qui me voile les yeux,
Je suis cet animal prisonnier d'une arène
Laissant le souvenir m'enivrer de ses jeux.